Je sais pas toi, mais cette atmosphère automnale m'a donné envie de chocolat chaud et de lecture au coin du feu. En parlant d'automne, je suis retombée sur le célèbre poème de Verlaine ; celui que tout le monde connaît ! Si, si, c'est Chanson
d'automne ; tu sais, le fameux poème utilisé par les Anglais pour annoncer le débarquement de juin 44.
Alors, je te préviens, c'est pas super joyeux ! C'est même plutôt tristounet... C'est l'automne de jours pluvieux et venteux quoi... Ca commence comme ça :
Alors, je te préviens, c'est pas super joyeux ! C'est même plutôt tristounet... C'est l'automne de jours pluvieux et venteux quoi... Ca commence comme ça :
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone
Je ne sais pas si t'as remarqué, mais les vers sont super courts (genre, un seul mot parfois !). Ce n'était vraiment pas courant chez les poètes de l'époque. Flemmard, le Verlaine ? Pas inspiré ? Non, rien de tout ça ! La brièveté des vers donne au poème un rythme particulier ;
proche de celui d'une chanson. Note que t'aurais pu t'en douter en voyant le titre ; il ne laisse aucun suspense à ce sujet ! Bref, pas besoin d'être romaniste pour mettre à jour cette première particularité !
Pour être tout à fait certain que toi, lecteur, tu captes bien qu'il est à fond dans son trip musical, Verlaine recourt plusieurs fois à un vocabulaire provenant du domaine musical. Bref, Verlaine veut attirer ton attention sur la musicalité de ses poèmes ; elle prime sur le reste. C'est super important pour lui ! Un de ses poèmes débutent d'ailleurs par cette règle : "De la musique avant toute chose". Why not !
Pour être tout à fait certain que toi, lecteur, tu captes bien qu'il est à fond dans son trip musical, Verlaine recourt plusieurs fois à un vocabulaire provenant du domaine musical. Bref, Verlaine veut attirer ton attention sur la musicalité de ses poèmes ; elle prime sur le reste. C'est super important pour lui ! Un de ses poèmes débutent d'ailleurs par cette règle : "De la musique avant toute chose". Why not !
Bon bon assez parler musique ! Qu'est-ce que Verlaine veut te raconter ? Cette première strophe plante le décor :
l'automne (mais l'automne tristoune, synonyme de l'approche du froid, de l'hiver, de la mort quoi ! Pas celui où tu gambades dans les feuilles mortes...) et la mélancolie. Pas vraiment rigolo le Verlaine.
Bon, on poursuit...
Bon, on poursuit...
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Le paysage qui est décrit ici reflète ce que le poète ressent. C'est une technique bien connue en poésie. Pour que toi, lecteur, tu aies une véritable idée de la souffrance qu'il endure, Verlaine te décris des paysages déprimants. Avec ça, tu vois ce qu'il veut dire et du coup, t'es dans la même humeur que lui ! Dans cette deuxième strophe, Verlaine te parle de lui. Au cas où tu doutes de mes affirmations, notes les deux « je ». Son état physique et psychologique est clairement alarmant ; aussi déprimant que la mélancolie et l'approche de la mort de la première strophe. Dans ce poème, il y a donc bien un parallèle entre le poète (plutôt son âme) et l'automne. CQFD (ça fait scientifique, j'aime encore bien!)
Et pour finir en beauté :
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
feuille morte
Enfin, pour bien nous saper le moral, Verlaine insiste, dans cette troisième et dernière
strophe, sur la fatalité. Le poète sait que sa fin est
proche et, au lieu de se prendre la tête, il choisit de se laisser aller là où le destin le mènera.
Remarque que Verlaine ne se met pas à décrire l'automne comme le ferais ta petite soeur dans sa rédaction (genre feuilles de toutes les couleurs, sauter dans les flaques et courir dans les feuilles mortes). Non, Verlaine, lui, il suggère l'automne avec des petits indices placés par-ci par-là : vent mauvais, feuille morte. Un peu comme les peintres impressionnistes, me demandera le connaisseur en art que tu es. Et je te répondrais que tu as raison ! Verlaine
disperse de petites touches qui, au final, nous font comprendre
l'image (pas très heureuse) que le poète se fait de l'automne.
Comme je te l'ai dit au début, ce poème a occupé une place dans l'Histoire avec un grand H. La première strophe de ce poème - ou plutôt cette chanson (shame on me, je ne retiens pas mes propres leçons) - a été diffusée par Radio Londres peu de temps avant le débarquement de Normandie. Il était destiné au réseau de résistance Ventriloquist. Bon, après, des pointilleux affirment que le texte aurait été altéré et que l'on aurait dit "bercent mon coeur" au lieu de "blessent mon coeur". Plus réconfortant pour les résistants, sans doute...
A ton avis, Verlaine aurait-il imaginé, en écrivant sa petite chanson mélancolique, que son texte marquerait un grand moment de l'histoire... ?
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